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COMPO | CRÉA | TITRE | ANALYSE | TPS | VAL | NIV | N |
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Barber (Samuel) | 1958 | Vanessa (opéra) [48 ans] | Opéra-théâtre. Premier opéra, avec un livret du compositeur Gian Carlo Menotti (son compagnon) en 3 actes, commencé en 1952 et mettant en scène un triangle amoureux tragique entre 2 jolies femmes, Vanessa (soprano), aristocrate mélancolique, et sa jeune nièce Erika (mezzo-soprano), tout aussi mélancolique, et Anatole (ténor), un jeune mufle opportuniste et le fils de l'ancien amant de Vanessa (aussi nommé Anatole), pour un petit jeu cruel entre rêve et réalité, confusion des sentiments et force de la raison ; une histoire mélodramatique lourde mais pas étouffante (Vanessa, tombe amoureuse d'Anatole, Erika, couche aussi avec Anatole, mais tombe enceinte et décide d'avorter pour éviter de compromettre sa tante, pour finir Vanessa s'enfuit avec Anatole, ignorant de son inutilité, tandis qu'Erika reste à la maison et se retire du monde), avec une bonne progression de l'intrigue jusqu'à un dernier acte réussi (quintette superbe et tableau final poignant), dans une atmosphère à la fois de passions (influence de Isak Dinesen, avec «Seven Gothic Tales») et d'abandon (influence de Tchékhov, avec «La Cerisaie», pour le final) ; un sens mélodique et une pureté de la voix uniques -certaines mélodies sont particulièrement inspirées et des modèles de chants, comme "Must the winter come so soon?" ou "Do not utter a word, Anatol" (Acte 1, Scène 1, soprano et orchestre) sont justement célèbres- sur une musique qui synthétise toutes les avancées précédentes ; une pièce intimiste, une sorte de mélodrame sans action éclatante et focalisé sur une poétique de la mélancolie ; note : un opéra tardif pour le «prince» de la mélodie vocale moderne, signe de son appréhension du genre (choix du livret, longue composition, théâtralité, extériorisation par rapport à la mélodie accompagnée) ; un bel interlude orchestral est joué séparément (intermezzo de l'acte 2) ; Extrait-Vidéo [création : 15 Janvier 1958, à New York (USA), au Met, dirigé par Dimitri Mitropoulos... mais les somptueux décors de Cecil Beaton ont été détruits dans un incendie, en 1973]... de la même veine, "Anthony and Cleopatra" (1966), opéra tout aussi intériorisé dans sa version au livret révisé en 1975 (créé en version de concert aux Théâtre des Champs Elysées à Paris en 1980). | 122 | xxxx | +++ | . |
Berio (Luciano) | 1982 | La Vera Storia (opéra) [57 ans] | Opéra théâtre (anti-opéra). Action musicale, sur un livret d'après Italo Calvino [L'Histoire Véritable], en 2 actes ; l'œuvre est un opéra sans en être un (une histoire de vengeance à rebondissements, Verdienne, avec bals, ballades, accompagnées par les guitares électriques et accordéons, d'un côté au premier acte, et de l'autre côté, dans le second acte, une grande distanciation vis-à-vis de la linéarité et de la théâtralité de cette même histoire, avec des fragments déplacés chronologiquement, des commentaires en lieu et place, laconiques, une analyse parodique du précédent) ; une grande réussite scénique (originalité) et musicale, avec un groupe d'intervalles en 8 notes systématiquement utilisé formant une grande passacaille ; une (belle) suite pour orchestre a été tirée de l'opéra : "Scena" (12 mn) ; Extrait-Vidéo [création : 9 Mars 1982, à Milan (Italie)]. | 120 | xxxxx | ++ | . |
Berio (Luciano) | 1984 | Un Re in Ascolto (opéra) [59 ans] | Opéra théâtre (anti-théâtre). Action musicale en 2 parties, sur un livret d'après Italo Calvino, avec des extraits d'un poème autour du thème de la Tempête de Shakespeare [Un Roi à l'Écoute] ; un opéra en jeu de miroirs, à la fois par les textes et par la musique ; au premier acte, le Roi s'écoute lui-même (il se représente) au cours d'une répétition d'une représentation théâtrale, selon le schéma classique de l'œuvre dans l'œuvre ; au deuxième acte, les 2 représentations fusionnent progressivement ; sur le plan musical, c'est une suite ininterrompue de numéros (arias, duetti, concertati, audizioni), avec leurs doubles (amplifiés) ; une réussite, malgré l'hermétisme de certaines situations, grâce à une musique très inventive, synthèse de tous les langages (très divers, y compris collages) de Berio ; Extrait-Vidéo [création : 7 Août 1984 à Salzbourg (Autriche)]. | 100 | xxxx | ++ | . |
Birtwistle (Harrison) | 1986 | The Mask of Orpheus (opéra et bande) [52 ans] | Opéra théâtre. En 3 actes et 3 scènes chacun, 1 court (3 minutes) prologue électro-acoustique intitulé "Parodos" évoquant le lever du jour, et 1 épilogue apaisé (7 minutes, avec voix) intitulé "Exodos", sans compter 6 interludes purement électroniques ; un spectacle total (chaque acte a son aura électronique propre) qui subjugue, envahit, et emporte tout par folie, oracles et murmures, sur le mythe d'Orphée de la Grèce antique mythologique, héros-poète-musicien, qui voit son épouse Eurydice mourir peu après son mariage, approche le dieu des Enfers Hadès, parvient à le convaincre de le laisser repartir avec sa bien-aimée à la condition qu'il ne se retournerait ni ne lui parlerait tant qu'ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants, mais il ne peut s'empêcher de se retourner vers son aimée et la perd définitivement (l'intrigue de l'opéra est impossible à synthétiser tant sa structure est complexe, explorant le mythe dans plusieurs directions à la fois, avec ses diverses contradictions, et comme vue à travers un miroir fragmenté, avec des répétitions -vraies ou fausses-, des réminiscences irrationnelles, des distorsions temporelles, des projections hystériques -les furies, le climax-, si bien que l'on ne sait plus où se trouve la réalité, le mythe, l'onirisme) ; une musique envoûtante, magique, à la fois grandiose (voire monumentale) et intimiste, avec un traitement novateur des voix par alchimie (duos ou trios intriqués fréquents, long tenus, parfois pré-enregistrés et mixés, sans oublier le parlando et les arias, et les déformations électroniques de certaines voix (effet caverneux) ; chacun des personnages principaux -Orphée, Eurydice, Aristée- apparaît sous 3 formes : chanteur (forme humaine), mime (personnalité héroïque), et marionnette (mythe), avec la même tessiture sonore ; la scène est divisée en un certain nombre de zones différentes, chacune comportant sa propre partie de l'action ; des évènements indépendants peuvent se manifester sous 3 angles : prédiction, réalité ou réminiscence ; c'est donc davantage une tragédie lyrique ou un drame musical, qu'un opéra traditionnel avec scénario théâtralisé, narration linéaire ; la mise en scène originale a marqué une pierre dans l'histoire de l'opéra (par exemple, les 2 versions simultanées de la mort d'Eurydice, tout le 3ème acte qui déroule le temps en marche arrière), et personne n'oubliera la série des 17 arches allégoriques de l'aqueduc du 2ème acte (pour symboliquement représenter le monde d'Orphée, et les 17 vers associés du poème) ; une composition entre 1973 et 1984, avec réalisation de l'électronique live à l'Ircam entre 1982 et 1986, en coopération avec un compositeur électronicien Barry Anderson ; Extrait-Vidéo [création : 21 Mai 1986, à l'English National Opera, Londres (Angleterre)]. | 210 | xxxxx | +++ | . |
Boesmans (Philippe) | 1993 | Reigen (opéra) [57 ans] | Opéra théâtre. D'après la pièce homonyme (en Français : "la Ronde") d'Arthur Schnitzler, une grande réussite théâtrale et musicale, qui traite de l'amour (désabusé) et surtout du désir, par couple de personnages qui se relaient (par couple, avec un des maillons maintenu transitoirement) ; chacun séduit l'autre : la prostituée le soldat, le soldat la femme de chambre, la femme de chambre le jeune homme et ainsi de suite, et lorsque enfin le baron se retrouve avec la prostituée, la boucle est bouclée, la ronde est complète comme un manège en carrousel érotique ; la musique mêle des éléments hétérogènes : le troisième acte est tenu par un groupe de rock, Aka Moon (saxophone, percussions, basse, synthétiseur) et le premier acte est constamment éruptif et saccadé, d'une part, et d'autre part, constitué de parties plus éthérées, réminiscences de Richard Wagner ou de Richard Strauss, ou même de style médiéval modernisé... devrait entrer au répertoire ; Extrait-Vidéo [création : 4 Mars 1993, Théâtre de la Monnaie de Bruxelles (Belgique)]. | 120 | xxxx | ++++ | . |
Britten (Benjamin) | 1945 | Peter Grimes (opéra) [32 ans] | Opéra théâtre. Une œuvre essentielle du répertoire d'après 1945, drame social et de l'exclusion (un thème central chez Britten) : une atmosphère sombre, dans une hypocrisie sociale déclarée (ostracisme) ; la réussite tient à la fois à la musique, notamment orchestrale, mêlant des pièces d'atmosphère, les juxtaposant et les faisant se refléter (à tel point que les "4 Interludes Marins" et le Prélude de l'opéra sont fréquemment donnés en concert, en tant que pièce symphonique à part) et à la tension des sentiments humains, où l'on peut presque vivre la progression des éléments en furie et des rancœurs humaines ; Grimes est une personnalité sensible, tourmentée, poétique et visionnaire, mais violente, donc à part dans la société (pourtant il cherche à s'intégrer en épousant la maîtresse d'école), jusqu'au drame (un climax de la musique et du chant se situe dans la marche du chœur, sauvage, vers la hutte du pêcheur) ; c'est typiquement un opéra où les sentiments sont voilés, une parabole-projection personnelle du compositeur, avec un personnage principal qui entretient des liens ambigus, inavoués, entre violence et besoin, avec son jeune apprenti ; Extrait-Vidéo [création : 7 Juin 1945, à Londres (Angleterre)]... de la même veine (et sur des thématiques parallèles), les opéras "Billy Budd", "Death in Venice", "Owen Wingrave". | 146 | xxxx | ++++ | . |
Dallapiccola (Luigi) | 1968 | Ulisse (opéra) [64 ans] | Opéra théâtre (en Français, Ulysse). Apogée du catalogue du compositeur et synthèse emblématique de son style moderniste et fortement expressif (avec orgue), cet opéra poétique plus que théâtral reprend les grands thèmes humanistes de prédilection du compositeur (la lutte de l'homme pour vivre, mais aussi de sa recherche de l'identité, de la solitude) ; comme à l'habitude, le compositeur a écrit lui-même le livret sur un mode sérieux et en quête de compromis, en ré-arrangeant (sans aucune citation littérale) l'antique odyssée d'Homère et sa riche postérité, dont Joyce et Monteverdi, avec ajouts d'autres sources comme Antonio Machado, Thomas Mann ou Friedrich Hölderlin ; mais a contrario de Monteverdi ("Le Retour d'Ulysse dans sa Patrie", 1640), la fin, emblématique, montre Ulysse solitaire, fuyant vers la mer, qui voit les étoiles différemment (pour le libérer de la solitude et de ses doutes sur son identité, mais aussi le rapprocher de la mort) ; le schéma de l'ouvrage des 13 épisodes au total -1 prologue (1 à 3), acte I (4 à 8), acte II (9 à 13)- correspond à une symétrie en arche (par exemple aux extrémités, premier et treizième épisodes, un personnage seul, la femme Calypso et l'homme Ulysse, dans la même scénique, la mer), avec au sommet de la voûte le royaume des Cimmériens (traités en agrégats sonores qui se reflètent en eux-mêmes, comme des miroirs) ; la musique est un festival d'orfèvrerie orchestrale dans le moindre détail et le traitement des voix (y compris dans les arias) est un modèle de réussite pour la scène moderne ; Extrait-Vidéo [création : 29 Septembre 1968, à Berlin (Allemagne)]. | 150 | xxx | +++ | N |
Dao (Nguyen-Thien) | 1994 | Les Enfants d'Izieu (opératorio) [54 ans] | Opéra-Oratorio (soprano, contralto, ténor, basse, récitante, choeur d'enfants et grand orchestre, en 1 prologue, 3 courts actes et 1 coda). Le 6 Avril 1944, 44 enfants et 7 adultes Juifs sont arrêtés dans une maison d'enfants réfugiés à Izieu, un petit village dans I'Ain, au centre-est de la France ; iIs sont d'abord interrogés au Fort de Montluc, à Lyon, puis emmenés au camp de Drancy, en région Parisienne, enfin déportés au camp d'extermination d'Auschwitz où tous sont assassinés, à l'exception de Léa, une des éducatrices (au total plus d'un million d'enfants Juifs ont péri dans les chambres à gaz, enfants de tous les coins d'Europe) ; le livret de l'opéra reprend de façon linéaire le récit historique et il est évidemment poignant et terrible ; le prologue, d'une durée de 14 minutes et la coda, de 9 minutes sont des sections poétiques pour choeur et orchestre, qui encadrent les 3 actes ; le prologue couple un chant enflammé ou doucereux des choristes (parfois avec 1 voix soliste) avec de nombreuses vocalises (les enfants de toutes sortes, la nature, l'espoir, les caresses, les baisers, les fées) avec un orchestre rutilant de couleurs (cordes en frémissements, glissandi mystérieux aux tutti, gongs interrogateurs, timbales ronflantes) qui peu à peu devient plus incertain, allusif, jusqu'à des pointillés menaçants aux rythmes complexes des percussions sèches, et se termine par une menace sombre et inquiétante, suivie d'un carillon contrasté par de longs appels graves des vents ; les 3 actes suivants alternent les ambiances prévisibles du récit : le 1ér, ouvert par la récitante (qui a pour rôle de faire avancer l'action, au début de chaque scène), décrit l'avant pour les enfants et les éducateurs (Izieu, cache heureuse... le bonheur, la protection, mais avec une menace sourde omniprésente) éclairé par une musique champêtre (solo de bois) ou inquiétante (cordes plaintives, vents ou percussions ambigus), en alternant les airs d'ensemble et les soli (lyriques), tantôt dramatiques, tantôt élégiaques, extatiques, voire même rieurs (et pagailleurs) ; le 2ème, l'arrestation et les interrogatoires, les transferts en camion, le Fort, la caserne de Drancy, est introduit par des cordes menaçantes, puis contrasté par un orchestre chaotique ou véhément ; les dialogues (taillés au couteau), tous chantés, sont chargés d'émotion et d'incompréhension, voire de rebellion, puis virent à l'urgence et à la brutalité verbale ; le 3ème, le train puis Auschwitz, devient cauchemar, larmes, mais aussi résignation, et la musique, intense, est toute de drame retenu, juqu'au long rang glacé qui avance, dans l'absolue terreur, vers une lourde porte... et l'infâmie insoutenable (le mot lacrimosa revient en leitmotiv, les faits sont bruts, secs, inqualifiables) ; la coda s'élève (comme les âmes) et allège avant de s'éteindre peu à peu, parcourue de mots-clés isolés symbolisant l'ensemble du récit et de vocalises aériennes dans une ambiance assez scintillante ; au total, une musique évocatrice (sans soulignement, sans pathos), très chromatique, et des chants sous forme de psalmodies, de déclamations ou de vocalises souvent avec des phonèmes (le tout assez modal mais avec des micro-intervalles), l'orchestre contrastant par les couleurs changeantes, moirées, avec des épisodes orchestraux seuls (somptueux) qui en disent autant que les voix, même terrifiantes à la fin ; un oratorio, incontournable, pour la mémoire vrillée à la honte et une musique au sommet avec toute l'expressivité et les riches couleurs post-Messiaen ; à noter le choix d'une voix de fausset pour évoquer par le chant la tragédie et l'étrangeté lors du passage du train vers Auschwitz ; hélas, aucun extrait vidéo à ce jour [création : 17 Juillet 1994, au festival d'Avignon (France)]. | 75 | xxxx | +++ | . |
Dusapin (Pascal) | 2003 | Perelà, Uomo di Fumo (opéra) [48 ans] | Opéra théâtre. Une parabole christique (pour 12 personnages principaux, chœur mixte, orchestre, bande magnétique) sur le rejet de la différence (un beau livret, intelligent et intemporel du compositeur d'après le roman 'Il Codice di Perelà' d'Aldo Palazzeschi [Le Code de Perela], paru en 1911 et révisé en 1954) ; le compositeur innove par le traitement des voix en mode décalé, presque éraillé… superbe! L'histoire a un caractère métaphorique christique-humaniste évident : Perelà vient de nulle part, il a 33 ans, et a été engendré par 3 mères, Pena, Rete et Lama (la Trinité biblique), et il a la particularité d'être fumée, autre métaphore, il arrive dans une cité au milieu de nulle part qui a la réputation d'assassiner ses rois (dans la mise en scène initiale, la fumée est associée à la science-fiction de petits hommes extra-terrestres) ; il est l'objet d'une adoration si éperdue de la part du peuple, que le roi et la reine lui confient la rédaction du code, métaphore des lois régulant tout groupe humain ; il est si extraordinaire qu'un vieux valet tente de l'imiter en s'immolant par le feu après avoir appris que le corps de Perelà est le fruit d'une carbonisation ; la société (archétypale) se retourne alors contre son héros, qu'elle condamne à la prison à vie ; victime des fantasmes que son apparence suscite, Perelà, qui a traversé l'opéra en se demandant ce qu'il faisait là, remonte au ciel et s'évapore ; à noter : Perelà Suite, des extraits pour orchestre, en 2004 (20 mn) ; Extrait-Vidéo [création : 24 Février 2003, Opéra Bastille, à Paris (France)]. | 135 | xxxx | ++++ | . |
Eötvös (Peter) | 1998 | Trois Sœurs (opéra) [54 ans] | Opéra théâtre. Écrit d'après l'ouvrage éponyme de Tchekhov, mais complètement dé-construit dans son déroulé (en répétant l'histoire 3 fois, du point de vue de chacune des sœurs), cet opéra présente quelques autres originalités : les 5 rôles féminins sont chantés par des hommes (les trois sœurs Irina, Macha et Olga et leur belle-sœur Natacha par des contre-ténors et la vieille nounou par une basse profonde), l'orchestre de fosse est doublé par un orchestre invisible situé derrière la scène (apportant un relief additionnel) ; on note aussi beaucoup d'inventivité dans la recherche de sonorités et des timbres (sans compter les réminiscences du Jazz), dans son atmosphère poétique, marquée par les ruptures et les aléas de la vie... une grande réussite opératique (en Russe) ; Extrait-Vidéo [création : 13 Mars 1998, à l'Opéra de Lyon (France)]. | 122 | xxxx | +++ | . |
Henze (Hans Werner) | 1966 | Les Bassarides (opéra) [40 ans] | Opéra théâtre. En 1 acte de presque 2 heures, l'opéra est inspiré des Bacchantes d'Euripide, où Penthée, le nouveau roi de Thèbes, tente de s'opposer au culte émergeant de Dionysos et meurt déchiqueté par les Bacchantes (le livret modernise le conflit entre raison et passion qui oppose Penthée et Dionysos en suggérant les dangers de ne pas accepter en l'homme la co-existence de pôles divergents ou opposés ; une œuvre très réussie par sa structure dramatique (innovante par sa construction en 4 mouvements, comme une symphonie), avec une musique déjà moins moderniste qu'initialement (superposition tonale et atonale, usage de la série à dose filée), mais d'une orchestration riche et puissante et d'une théâtralité accomplie, à la fois «bouffe» et tragique ; Extrait-Vidéo [création : 6 Août 1966, à Salzbourg (Autriche)]. | 119 | xxxx | ++ | . |
Kurtag (György) | 2018 | Fin de Partie (opéra) [92 ans] | Opéra (4 solistes, Hamm, basse, Clov, baryton, Nagg, ténor bouffe, Nell, soprano, grand orchestre avec pupitres de vents doublés à l'unisson, 3 percussionistes, 1 piano et 2 accordéons). un opéra au format traditionnel (avec orchestre important, mais seulement 4 voix, pas de choeur, de rares duos, et pas plus) mais basé sur la 2ème pièce de théâtre (éponyme) de Samuel Beckett à avoir été représentée (créée en 1957, en présence de Kurtag, lui-même ; le livret est bien du compositeur, et avec fidélité (humilité), en privilégiant des moments-clefs de la pièce, mais il ne reprend qu'à peine 60% de son contenu, enlève des personnages et il y est ajouté quelques courtes séquences qui éclairent l'interprétation de Kurtag (un court poème en prologue et une citation littéraire du démiurge Prospero dans «La Tempête» de Shakespeare), dans un registre désespéré de la relation père-fils directe et symbolisée, mais pas absurde (ou alors superficiellement), et de la destinée humaine (accidentée, blessée) ; il n'y a pas à proprement parler d'intrigue, ni d'ordre logique apparent, pas de suspense du tout (tout est annoncé dans le titre et les 1ères phrases énigmatique chantées par Clov, «C'est fini»), mais l'ambiguïté et l'instabilité mouvante, la répétition jusqu'à l'obsession, les silences lourds, la mise en abîme d'éléments majeurs du récit par des parenthèses oniriques éclairantes, toutes profondément Beckettiennes, sont respectées et omniprésentes (une seule journée mise en scène ou un rituel familial quotidien qui se répète sans fin, la mort ou non du père, le départ ou non du valet) ; le titre Français et plus encore sa traduction Anglaise [Endgame] peuvent faire référence de façon limitée au jeu d'échecs, Hamm, personnage principal aux mouvements limités (paraplégie) étant un roi condamné incapable de reconnaître sa défaite, et Clov, son pion (et peut-être son fils), clodiquant, se déplaçant sur l'échiquier, pour lui donner l'impression qu'il peut encore faire quelque chose, avant d'être une pièce du jeu bloquée à la fin (départ ou non) ; ou bien, de façon aussi limitée (voire incertaine, qui sait avec Beckett?), Hamm peut être interprété comme une abréviation de hammer (marteau, en anglais et Clov comme une déformation du mot clou (le u et le v ont la même origine), Nell comme une approximation de nail (clou en Anglais), et Nagg comme une abréviation de Nagel (clou en allemand) ; c'est un vrai opéra, fort, dense, resserré, et remarquablement construit en terme de tragédie (amorale), avec des scènes en monologues, avec une prosodie en musique magique et naturelle du texte Français (une rare fois où les sous-titres sont superflus), avec 4 voix méticuleusement travaillées (instables et très difficiles à interprétées, malgré la quasi absence de duos vocaux ou plus, et d'acrobaties vocales pour les aficionados) et un 5ème personnage à part entière, l'orchestre, qui commente le chant (pour le justifier ou en douter, voire ironiser, apostropher), par petites touches instrumentales (les musiciens jouent rarement tous ensemble), le tout pour un testament musical et un spectacle d'une homogénéité (personnages-chant-musique) rare pour une expressivité inhabituelle, sans aucune facilité (noirceur, lenteur-répétitions, malgré les échanges plus décalés des 2 vieux parents, piégés chacun dans une poubelle), en tant que réflexion puissante sur le théâtre musical, avant de se terminer par un postlude purement orchestral crépusculaire et emblématique (de 5 minutes, magnifique) ; Extrait-Vidéo [création : 15 Novembre 2018, Milan (Italie), Teatro alla Scala, sous la direction musicale de Markus Stenz, dans une mise en scène d'enfermement, un brin statique] | 121 | xxxx | +++ | N |
Lachenmann (Helmut) | 1997 | Das Mädchen mit den Schwefelhölzern (opéra) [62 ans] | Opéra théâtre (2 sopranos, chœur mixte, grand orchestre, bois par 4, dont 1 shô, scindé en 2 devant, y compris dans la scène, et derrière les spectateurs, bandes). L'œuvre qui a obsessionnellement occupé l'esprit de Lachenmann entre au moins 1975 et sa création, et pour laquelle il a travaillé (inconstamment) 8 ans, d'après le (triste et éponyme) conte d'Andersen, avec en sur-ajout des textes chuchotés de la terroriste suicidaire Allemande Gudrun Ensslin (de la Fraction Armée Rouge, qui avait été sur les mêmes bancs d'école que le compositeur) ; une réussite dramatique dans le cadre traditionnel de l'opéra et aussi une dénaturation du genre, sans concession (pour les auditeurs) ; le livret juxtapose donc le charme du conte (si tant est...) avec la violence de la nature, la violence sociale (la misère, le vol de la pantoufle) et le radicalisme de l'incendiaire qui s'approprie le personnage de la petite fille (cauchemar?) ; la musique associe sons et bruits, frémissements et accès brutaux, éparpillements et continuités, chant (rare) éclaté, chuchoté ou lointain (comme distancié), avec une grande originalité (ad libitum) ; Extrait-Vidéo, sans mise en scène [création : 26 Janvier 1997, Staatsoper, à Hambourg (Allemagne), suite à une commande dès 1988 ; la création Française a lieu à Paris, Palais Garnier, le 17 Septembre 2001, 6 jours après les apocalyptiques attentats par les terroristes d'Al-Qaïda aux USA qui ont fait au moins 2 973 morts]. | 121 | xxxx | ++ | . |
Levinas (Michaël) | 2004 | Les Nègres (opéra) [55 ans] | Opéra (en 3 actes, pour 13 voix solistes, 3 sopranos dont 1 léger, 1 coloratur, 2 contraltos, 1 contre-ténor, 3 ténors, 3 barytons, 1 basse, chœur mixte, orchestre et électronique en direct). Une messe noire pour nègres blancs (Mais qu'est-ce donc qu'un Noir? Et d'abord, c'est de quelle couleur? ), un procès où le coupable n'est pas celui que l'on croit, où du moins le forfait est expliqué (sinon justifié) par l'injustice fondamentale qui frappe l'accusé, 2 mondes s'affrontent, 2 conceptions des rapports sociaux, la mauvaise conscience (ou non) des exploiteurs, des Blancs (sur un livret du compositeur d'après la pièce éponyme et labyrinthique de Jean Genet) ; après "La Conférence des Oiseaux" et "Gogol", et avant "La Métamorphose" et "Le Petit Prince", le compositeur signe son 3ème ouvrage lyrique dont il réalise lui-même le livret et s'impose comme l'un des plus grands créateurs du genre ; c'est une version resserrée de ce que l'auteur de Notre-Dame des fleurs nomme «une clownerie», mélange de la truculence grinçante et du foisonnement littéraire de Jean Genet (1910-1986), écrivain, poète, auteur dramatique, provocateur, politiquement engagé et polémiste, polysexuel Français, défenseur des révoltés, des renégats, des innommables, des voleurs, des assassins et autres terroristes ; il n'y a pas d'action proprement dite, mais une cérémonie, un rituel funèbre aux apparences de simulacre puisqu'il s'agit du meurtre imaginaire d'une femme blanche, une série d'éclairages (si l'on veut à tout prix comprendre mais est-ce indispensable, il vaut mieux lire la pièce originelle, avant) ; c'est un jeu et un plaidoyer anti-raciste, avertit Archibald, le Maître de cérémonie, conviant les Noirs d'en haut -la Cour grimée en blanc est installée dans la galerie supérieure- à assister à leur propre enterrement, l'enterrement de la domination sur un peuple opprimé et colonisé ; l'ouverture à soixante parties réelles, caractéristique du style du compositeur à l'époque, plus polyrythmique que spectral, est un des joyaux de la musique contemporaine, une polyphonie complexe, une fanfare funèbre et orgiaque ; globalement, la musique suit une sorte de vertige auditif entretenu par des phénomènes sonores paradoxaux (initiés par le compositeur expréimental et visionnaire, Jean-Claude Risset) -les sons semblent monter et descendre indéfiniment- bâtis autour de motifs et d'échelles qui se retrouvent, en se métamorphosant subtilement, tout au long de l'œuvre, elle uitlise une demi-douzaine de motifs aisément reconnaissables inlassablement repris, et elle multiplie les points d'ancrages, les langages, les références, les univers sonores, marquée par le dispositif électronique de l'époque, parfois complexe, parfois trivial (des collages de negro spiritual, des bribes de jazz be-bop sautillant, jusqu'à l'opérette via Offenbach, mais jamais désuet) ; la présence de 4 claviers électronique midi à côté d'un piano, d'une console lançant certaines parties électroniques au sein de l'orchestre et d'un chœur en coulisse propageant la rumeur autour du spectacle sont autant de masques qui entretiennent l'illusion d'un son né de nulle part mais surgissant de partout ; les sons tambourinés, croisement improbable mais convaincant entre prosodie et percussions, innovants à l'époque, fascine l'auditeur ; l'opposition blanc-noir s'incarne dans le travail vocal avec la confrontation des acteurs d'en bas, au registre ample et chaleureux, aux spectateurs d'en haut, la Reine et sa cour, le valet, le gouverneur et le juge qui n'utilisent que leur voix de tête ; la Reine, repoussante à souhait dans ses fanfreluches blanches, est une soprano coloratur à la virtuosité caricaturale et déjantée ; Diouf, tour à tour homme et femme, androgyne emblématique de Genet, assume en virtuose son double personnage de vicaire et de femme violée en oïkanant des notes les plus graves d'une basse aux plus aiguës du haute-contre ; le baryton-basse est d'une humanité déroutante ; au total, l'opéra, drame de l'exclusion, de l'exploitation de l'homme par l'homme, de la mauvaise foi et du préjugé, est une réussite esthétique et artistique indéniable, malheureusement, trop rarement repris en France (comme quasiment tous les opéras contemporains, même à succès) et sans disponibilité de DVD ; Extrait-Vidéo [création : 20 Janvier 2004, à Lyon (France)]... pour plus de détail et analyse approfondie, extrait du colloque en présence du compositeur, à "https://medias.ircam.fr/x5351f1_lire-les-negres-de-genet-ou-les-premiere", disponible à la bibli de l'Ircam. | 105 | xxxx | +++ | N |
Ligeti (György) | 1978 | Le Grand Macabre (opéra) [55 ans] | Opéra théâtre (anti-opéra). Un des opéras phares de la Musique Contemporaine (à la limite du théâtre musical, en 2 actes), composé pendant la grande période du collage, qui n'échappe pas à la règle, même s'il le fait sur le mode de la parodie (nombreuses citations directes, indirectes cachées, auto-citations) ; une pièce surréaliste - ou plus exactement pataphysique, avec un véritable goût pour le non-sense, en tenant en outre compte de l'ébriété des personnages, mais l'humour est suffisamment subtil pour laisser la place à une totale ambiguïté : que la fin du monde annoncée soit parodique ou non, qu'elle soit advenue ou non, reste un point d'interrogation ; grâce à une efficacité (poly-)rythmique totale, à l'utilisation des instruments les plus insolites (du klaxon au sifflet), et à un style lyrique le plus souvent très naturel (malgré un goût pour la pyrotechnie vocale), au livret inhabituel (ironique), cette œuvre est très belle, même si elle a été remaniée (condensée), la plupart des passages parlés étant devenus chantés ; l'ouverture se fait aux klaxons, l'humour couvre le spectre noir (de la farce à la satire) et le morceau de bravoure (musical et satyrique) est le solo de la Soprano colorature qui joue le chef de la police politique, Guépopo ; extraits orchestraux : "Scènes et Interludes du Grand Macabre", pour 4 chanteurs, chœur mixte, et orchestre (1978), "Macabre Collage", pour grand orchestre, adaptation d'Elgar Howarth, en collaboration avec le compositeur (1991), "Mysteries of the Macabre", 3 airs adaptés pour trompette solo et orchestre (1992), ou adaptés pour soprano colorature et orchestre (1992) ; Extrait-Vidéo [création : 12 Avril 1978, à Stockholm (Suède)]. | 130 | xxxxx | ++ | . |
Manoury (Philippe) | 2001 | K… (opéra) [49 ans] | Opéra théâtre. Outre l'opéra traditionnel, cette œuvre contient un chœur virtuel (entièrement synthétique, de l'Ircam) enveloppant les auditeurs par spatialisation ; elle vaut surtout par son livret solide, illustré par une musique plus engagée qu'à l'habitude, avec des fractures et des déséquilibres ; Extrait-Vidéo [création : 3 Juillet 2001, à Paris, Opéra National de Paris - Bastille (France)]... de la même veine, "60ème Parallèle" (opéra de 1997, avec un livret tendance -daté-, mais avec une musique énergique, superbe). | 80 | xxx | +++ | . |
Messiaen (Olivier) | 1983 | Saint François d'Assise (opéra oratorio) [75 ans] | Opératorio. La seule œuvre dramatique de Messiaen, davantage un oratorio qu'un opéra avec casta diva et trame théâtrale, une exceptionnelle réussite par la musique (le prêche aux oiseaux est une pièce pour orchestre seul qui dure plus de 30 minutes, à ne pas manquer) plus que par le traitement des voix ; la création a été trop marquée par une volonté de religiosité inaboutie du compositeur et par un statisme de la mise en scène, les séries suivantes, bien meilleures, ont été des succès marqués par l'humanisme, le drame intérieur, la solitude et la fragilité du moine François ; plus que des détails biographiques, il s'agit d'une suite de 8 épisodes stylisés, chacun caractéristique de la vie du Saint (comme dans les illustrations de la cathédrale d'Assise, en Italie, construite près du lieu de naissance de François) ; un must à la fois exubérant et ascétique (aussi, en DVD) ; Extrait-Vidéo [création : 28 Novembre 1983, Opéra Garnier, à Paris (France)]. | 250 | xxxxx | +++ | . |
Nono (Luigi) | 1984 | Prometeo (opéra) [60 ans] | Opéra théâtre (anti-opéra, 2 sopranos, 2 contraltos, 1 ténor, 2 récitants, 1 chœur mixte à 4 voix, 4 groupes d'orchestre, live électronics, le tout spatialisé). C'est une pièce d'exception. Oser composer une pièce pseudo-théâtrale (sans action, sans dramaturgie, ni livret habituel) qui consiste en une suite de longues séquences interrompues par de courts silences, avec chaque séquence d'une lenteur étirée, sotto voce (entre piano et pianissimo), parfois (rarement) contrasté par des secousses, des jaillissemnts ou des vrombisssements, brefs, sforzando maîtrisés (jamais fortissimo, jamais longs), le tout pendant 140 minutes, est le signe du témérité sans égale (si l'on exclut la provocation, ce qui n'est pas le cas, bien sûr) ; les différents groupes d'effectifs (séparés en 3 ou 4 ensembles) se repondent en échos, dialoguent en séquences continues (sans s'opposer) ; cette pièce emblématique est l'apogée de toutes les recherches du compositeur sur le son (avec électroacoustique), cette œuvre n'est pas un opéra au sens traditionnel (même si la théâtralité est esquissée par les textes choisis, d'Eschyle, d'Euripide, du philosophe et politicien communiste Massimo Cacciari) : lentes psalmodies, mélodies susurrées, variations infinitésimales, froissements sur les instruments, alternance de couleurs très sombres et de scintillements solaires (clair-obscur perpétuel) ; une suite des moments importants (saillants ne conviendrait pas) a été réalisée par le compositeur (environ 30 minutes, ) et peut constituer une première approche de ce monument immersif sans équivalent (et difficile d'accès) ; Extrait-Vidéo [création : 29 Septembre 1984, à Venise (Italie), et pour la version défintive, après de nombreuses coupes et réaménagements, 25 Septembre 1985, à Milan (Italie)]. | 134 | xxx | ++ | . |
Poulenc (Francis) | 1957 | Dialogues des Carmélites (opéra) [58 ans] | Opéra théâtre. Une œuvre (d'après Bernanos) marquée par une certaine amertume, par le doute et la peur et leur sublimation (par la grâce), et un sens du tragique, comme la tragédie classique, hors du temps (mais typée par les problèmes de son temps : crise de nerf, matérialisme, dénégation de la foi, humanité trompée, échafaud final) ; la pièce est organisée en 3 actes et 12 tableaux liés par des intermèdes orchestraux ; la musique porte une grande beauté formelle (avec, comme chez Britten, peu de moyens) et le final notamment est caractérisé par une grande émotion avec les voix des sœurs (pour un "Salve Regina") qui se taisent l'une après l'autre, au fur et à mesure que l'issue de la guillotine se précise ; Extrait-Vidéo [création : 26 Janvier 1957, à la Scala de Milan (Italie)] | 152 | xxx | +++++ | . |
Sciarrino (Salvatore) | 2006 | Da Gelo a Gelo (opéra) [59 ans] | Opéra théâtre. Une œuvre phare de l'opéra traditionnel (avec une histoire -d'amour- et une passion dramatique dans un contexte Japonais) et une grande réussite dans l'originalité «exotique» du sujet et de son traitement théâtral ; le tout repose sur peu d'action (des échanges de lettres enflammées d'amour impossible ou inabouti entre un Prince et une Geisha), mais avec une progression très lente (créant une attente frustrante, et donc la tension), jusqu'au coup de théâtre final ; une mise en scène poétique, épurée, pour laquelle on aurait attendu une chorégraphie ; quant à la musique (plutôt accessible), presque toujours piano et avec des silences (des blancs) qui font partie du rythme, en courtes phrases par pupitre limité à 2 ou 3 instrumentistes enveloppant ou illustrant le chant (sur un petit orchestre d'une cinquantaine de musiciens), elle est murmurée, quasi susurrée, minimale (mais pas minimaliste du tout), avec des alliages incomparables, des murmures à écouter avec attention, des subtilités à couper le souffle (et cette fois, peu de collages) ; le chant est en Italien, mais il est traité par jet de mots interrompus (un peu comme du Japonais), essentiellement entre un baryton-basse et une soprano (et un messager, ténor) et un chant enregistré (voix de femme déformée) ; Extrait-Vidéo [création : 21 Mai 2006, au Festspiele de Schwetzingen (Allemagne)]. | 110 | xxxx | ++++ | . |
Zimmermann (Bernd Alois) | 1965 | Die Soldaten (opéra) [47 ans] | Opéra théâtre (total). Un chef d'œuvre marqué par une extrême complexité de l'écriture post-sérielle et par la concrétisation d'un temps dit sphérique unifiant le passé, le présent et l'avenir, dans une gigantesque tension expressive ; un opéra total en 4 actes (d'après Jakob Lenz), unique par l'utilisation des procédés audio-visuels (nouveaux pour l'époque), par ses nombreux collages (mais moins que d'habitude : seulement le "Chevalier à la Rose" de Strauss, à titre parodique, et du Bach, versant choral) et surtout par la juxtaposition (révolutionnaire) de plusieurs actions indépendantes sur le même plateau ; l'histoire est marquée par son époque (réalisme social), par la provocation (viol, prostitution, déchéance, jurons, hurlements), certes simple et immédiate, mais prenante, bouleversante... et héritière de "Wozzeck" (parallélisme des héroïnes) et de "Lulu" de Berg ; la musique est une sorte d'appropriation hégémonique (du Baroque au Jazz, en passant par l'électronique, le romantique et le sériel) ; un monument, souvent copié par la suite, notamment avec l'arrivée de la vidéo en direct ; curieusement, la première partition de l'opéra ayant été jugée injouable en 1960, le compositeur a préparé en 1963 une compilation symphonique pour 6 voix solistes et grand orchestre avec le prélude et des extraits des actes I et II pour mieux vendre son projet complet... elle est souvent jouée à juste titre et compte tenu des moyens financiers requis pour l'opéra complet ; Extrait-Vidéo [création : 15 Février 1965, à Cologne (Allemagne)]. | 108 | xxxx | ++ | . |
Actualisation : 19-Juillet-2025
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