Concerts… ajout bienvenu [@mail en bas], si musique > 80% après 1941, pays Francophone, même format de données, avec lien-concert, '*' si création et '0€' si gratuit, max. 180 caractères +++
2025-01-06 - Lu (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Boulez (Mémoriale, Messagesquisse, Sonatine), Bray (ST*) - …+++
2024-12-15 - Di (15.00) | Abesses_Théâtre | Multilatérale_ensemble | Posadas (Ianus), Sciarrino (Venere ), Combier (Cordelia des Nuées, Strands*) - …+++
Voici en toute modestie quelques regards liés à l'actualité, sans le recul de la Base de données, ni l'objectivité actualisée des Informations brutes… mais sans partialité.
Éditorial n°2 : La vraie faiblesse congénitale de la Musique Contemporaine, le «share of voice».
Il est depuis longtemps considéré comme acquis que si la Musique Contemporaine ne séduit pas, c'est parce qu'elle a trop fortement rompu avec les habitudes sonores, par ses dissonances, ses provocations, son atonalité totale, son abandon de la mélodie...
Rien n'est plus faux.
Bien sûr, parce qu'aujourd'hui avec les compositeurs dits post-modernes et néo-tonaux,
voire les synthétiques, ces critiques tombent à plat (la continuité est évidente avec les compositeurs précédents de Debussy à Stravinsky ou Falla ou Chostakovitch ou Britten) et aussi parce que même pendant la période la plus radicale du sérialisme pointilliste, dans les années 50, coexistaient des compositeurs issus de la tradition dans tous les pays concernés (Poulenc, Copland, Menotti,
Hindemith...), avec succès public.
Non : la seule vraie faiblesse de la Musique Contemporaine est congénitale, c'est selon un terme de marketing, le «share of voice» (la part de voix).
Jusqu'à Mendelssohn (pour schématiser), la Musique jouée en concert est, en quasi totalité, celle du moment, créations ou reprises récentes, de moins de 20 ans. Avec
Mendelssohn et jusqu'à la deuxième guerre mondiale, autour de 1945, une part progressivement croissante mais toujours limitée de Musique du Passé, est introduite dans les concerts.
Que s'est-il passé à partir de 1945 -à l'avènement de notre Musique Contemporaine- pour changer la donne si dramatiquement?
C'est la naissance du disque comme produit de consommation de masse. Il permet à tout mélomane de rester dans ses habitudes
acquises confortables, donc
d'être un conservateur, par convenance personnelle et aussi suite à l'influence du marketing des producteurs de masse (vedettariat, intégrales, collections, récompenses d'interprétations,
références incontournables, tribunes comparatives,
tournées internationales de concerts mono-programme, etc.).
Avec l'avènement du disque, notamment du 33 tours, l'offre réelle de la Musique Contemporaine, sa part de voix, n'est plus de 80% ou 90% comme au 19ème siècle, mais de
quelques 2% ! (et ce pourcentage ne prend en compte que la Musique Classique ou savante qui elle-même ne représente que moins de 10% du total de la musique enregistrée vendue ou bien diffusée par les médias).
Y a t'il une solution?
Non, en tout cas pas dans un avenir prévisible. L'auditeur est satisfait (il connaît, il compare les versions interprétatives du grand répertoire, il approfondit facilement les grands compositeurs du passé, pour leurs pièces mineures voire alimentaires, et il découvre, en «pantoufles», les compositeurs secondaires du
Passé, il va communier au concert avec ses idoles interprètes), pourquoi prendrait-il un risque à
plonger ses oreilles dans l'inconnu, même en prolongeant la tradition?
Et les producteurs de disques ou de concerts, ou les médias, exploitent le filon sans risques : en ce sens, la
énième version des célèbres pièces de la Musique, la mode des instruments anciens (puis du diapason décalé), les ré-interprétations au plus près d'une partition originale ou au contraire déviantes (mais si géniales à la Horowitz, à la Gould, etc.), les intégrales à prix cassés, augmentent la part de voix du Passé par rapport à celle de la Contemporaine.
Et l'on ne voit pas ce qui pourrait faire changer la donne fondamentalement.
C'est un fait objectif, sans connotation positive ou négative, ni
émotionnelle!
Mais, n'y a t'il pas d'autres faiblesses spécifiques à la
Musique Contemporaine, plus importantes que cette incontournable part de voix
restreinte?
D'autres faiblesses sont aussi citées (par le chœur des Cassandres!) comme le
manque de moyens financiers, le manque de salles, le manque d'inspiration (en
voilà une difficile à mesurer!), le manque de créativité, le manque de
distribution, le manque d'information, etc. (ou pour chacune de ces dites
faiblesses, remplacer le mot «manque» par le mot «excès»... mais mal
réparti, ou avec des effets pervers).
Balayons le tout d'un revers, car cela n'a rien de spécifique à la Musique
Contemporaine : si vous en doutez, je vous invite, comme un rat de
bibliothèques, à la lecture édifiante (et passionnante) de textes, de
compte-rendus de concerts ou de manifestations musicales, de lettres de
compositeurs ou d'artistes, tout au long de l'Histoire de la Musique... les
mêmes dites faiblesses sont ressassées en permanence, ce qui n'a pas empêché
l'émergence
de compositeurs géniaux (pas forcément ceux en vogue à leur époque!) et
l'écriture de chefs d'œuvre.
Est-ce, alors, désespéré?
Non.
D'abord, même si la part de voix restera la règle avec un Grand répertoire du
Passé (heureusement) incontournable, il y a un fossé qui peut (doit) être progressivement comblé... entre
la situation d'aujourd'hui (2% de part de voix) et la cible normale (c'est-à-dire à concurrence de presque 70 ans sur un total de
plus de 350 ans pour l'Histoire de la Musique savante,
soit 15 à 20% de part de voix).
Pour cela quelques facteurs favorables vont permettre d'ouvrir, puis d'apprivoiser les oreilles de nos contemporains à l'inconnu, à la découverte, à l'inouï (au sens littéral).
En premier, le temps, lentement mais inéluctablement (d'abord la masse des mélomanes se familiarisera avec
le détail de la Musique du début du 20ème Siècle, puis s'ouvrira aux synthétiques
et autres rétros des années 90, avant de s'aventurer plus
loin... entre les 2).
En second, l'usure (si le temps a oublié certains compositeurs ou certaines pièces du
Passé, ce n'était pas toujours forcément
injuste -voire, c'était bien souvent justifié-, et même leur «re-visitation» baroquisante trouvera ses limites).
En troisième, la prise de conscience des producteurs de concerts ou de disques (qui comprennent qu'en se complaisant dans le passé, ils se conduisent eux-mêmes à une impasse... et donc panachent de plus en plus les oeuvres du Passé avec des créations ou des reprises accessibles, ou explorent des thèmes et des menus différents sans privilégier l'habillage).
Enfin, et surtout, notre Sociologie change dans le bon sens (comme le disait le philosophe Américain Thomas
Kuhn, «un changement de
paradigme n'intervient pas lorsque les gens changent d'avis, mais lorsque les gens qui avaient le point de vue précédent sont morts»).
La génération précédente plébiscitait la tribune des critiques de disques ou les statuettes d'or ou les améliorations technologiques incrémentales
(CD numérique, quadriphonie, multi-canal 5.1, sur-échantillonnage, etc.), pour assurer la croissance
(forcée) du marché par renouvellement.
La génération d'aujourd'hui zappe, collectionne beaucoup moins, n'a pas connu les interprètes dits «incontournables»
(qui sont morts), et veut avoir un témoignage des jeunes (qui auto-produisent leurs propres enregistrements), ne suit pas la consommation
imposée par les Majors sous la forme de beaux objets plutôt chers, achète (voire pirate) des MP3 éphémères (et de qualité sonore moindre), se laisse davantage influencer par sa tribu (y compris celle du Web 2.0), par ses humeurs ou tocades, que par les ficelles du marketing de grande
Conso, trouve «cool» le cross-over Mahler-Dusapin ou Mozart-Lachenmann, voire Boulez-Bach (sans
provocation), aime bien les alliages Rock ou Techno des jeunes compositeurs.
D'ailleurs, les programmes de concerts s'élargissent en intégrant de la
Musique du 20ème Siècle (au moins à Paris), offrant aux mélomanes un choix,
ce qui est essentiel dans cette nouvelle sociologie (à côté de «maisons»
spécialisées pour les Passionnés... comme l'Ircam, en parallèle au... Centre de Musique
Baroque).
Là où le bas blesse encore, c'est dans l'offre officielle enregistrée, via les
CD ou DVD, pérenne et à prix acceptable (en regard du «risque» pour l'auditeur) ou... les Radios de
Musique savante, à une heure d'écoute raisonnable (et proactive). Les
stratégies opposées d'aujourd'hui sont de bien mauvaises stratégies
défensives (et déjà perdantes, compte tenu de la chute vertigineuse des
ventes), car la multiplication des Podcasts ou des échanges peer-to-peer sur Internet et l'accès aux
WebRadios internationales, partout, grâce au WiFi, changeront profondément des
habitudes.
Alors, dans ce nouveau contexte plus ouvert d'aujourd'hui, les jeunes compositeurs devraient accompagner («surfer») ces mutations
sociologiques de la masse des plus jeunes mélomanes.
* Susciter la curiosité et l'intérêt des mélomanes : avoir son propre site Internet et y mettre en ligne librement des
Podcasts extraits d'enregistrements
commercialisés (ou non), créer des «hubs» communautaires (de plusieurs compositeurs ou par thématique...) dans lesquels les pièces pourront être téléchargées contre une faible rétribution (pour en partie financer la visibilité du site).
* Recoller la Musique Contemporaine au train de l'Histoire de la Musique,
notamment de la Musique de la première moitié du 20ème siècle, par des
créations en concert systématiquement associées à des pièces antérieures.
* Composer encore plus pour les petites formations (plutôt que pour le grand
orchestre, si cher à mobiliser), en sachant (1) que le niveau technique exceptionnel des
interprètes aujourd'hui (par rapport aux années 50) et leur ouverture à la
création permettent toutes les
hardiesses, toutes les imaginations combinatoires, (2) que l'informatique (en live
ou enregistrée) permet de pallier au manque d'épaisseur, de puissance, inhérent
aux effectifs réduits, et (3) qu'alors la quête aux lieux de création devient
bien plus «jouable» (même les petites salles gratuites, encore dédiées aux
"Quatre Saisons" et autres sempiternels Requiems!), pour des
concerts-création-reprises, sans attendre la
manne publique.
Alors, espérons-le pour les plus inspirés, la pompe à succès traditionnelle sera amorcée et la part de voix peu à peu
augmentée (jusqu'à une œuvre contemporaine diffusée/distribuée sur 5 ou 6
pourcents... et pas 10 fois moins comme aujourd'hui!).
Dans ce contexte d'adversité congénitale pour la Musique Contemporaine, la chance ne peut sourire qu'aux
compositeurs originaux (bien sûr, comme depuis la nuit des temps), mais aussi
diablement opportunistes.
Jean Huber, 12 Mai 2007
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